Huile de palme et déforestation : pourquoi l’Europe fait marche arrière sur la réglementation ?
La guerre contre la déforestation semblait bien engagée. En 2023, l’Union européenne annonçait fièrement son règlement contre la déforestation importée, censé limiter les importations de produits contribuant à la destruction des forêts tropicales, dont l’huile de palme. Mais surprise ! En 2024, sous pression des industriels et de certains pays producteurs, Bruxelles propose de retarder l’entrée en vigueur du texte.
Pourquoi ce revirement ? Quelles conséquences pour l’environnement et les consommateurs ? Faut-il vraiment boycotter l’huile de palme ? On fait le point.
L’huile de palme, toujours un problème environnemental ?
L’huile de palme est accusée de nombreux maux : destruction des forêts tropicales, mise en danger de la biodiversité (orangs-outans en tête), émissions de CO2… Pourtant, elle reste la plus consommée au monde, présente dans 50% des produits transformés : biscuits, pâtes à tartiner, cosmiques, biocarburants…
D’un côté, certaines initiatives cherchent à rendre cette production plus durable, avec des certifications comme la RSPO (Roundtable on Sustainable Palm Oil). De l’autre, les pays producteurs comme l’Indonésie et la Malaisie dénoncent une « discrimination » européenne contre leur principale ressource d’exportation.
Pourquoi l’UE recule sur la régulation de l’huile de palme ?
L’idée était simple : interdire l’importation de produits contribuant à la déforestation. Mais la mise en application se heurte à des réalités plus complexes :
- Pression des pays producteurs : L’Indonésie et la Malaisie, qui représentent 85% de la production mondiale, menacent de mesures de rétorsion commerciale.
- Lobbying des industriels : De nombreuses entreprises européennes dépendent encore fortement de l’huile de palme, notamment dans l’agroalimentaire et l’énergie.
- Difficultés de traçabilité : La certification RSPO et d’autres labels existent, mais ils ne couvrent pas toute la production.
- Crise économique et inflation : L’UE ne veut pas aggraver la hausse des prix alimentaires en compliquant l’accès à certaines matières premières.
Consommateurs : faut-il éviter l’huile de palme ?
Devant ce flou réglementaire, que faire en tant que consommateur ?
- Privilégier les produits avec de l’huile de palme certifiée durable (labels RSPO, Rainforest Alliance).
- Choisir des alternatives locales et moins impactantes (huile de colza, tournesol, karité…).
- Limiter les produits ultra-transformés qui contiennent souvent de l’huile de palme peu traçable.
Certains industriels commencent à proposer des solutions alternatives, mais l’huile de palme reste difficile à remplacer dans certains usages.
Vers une nouvelle réglementation européenne en 2025 ?
L’UE a annoncé vouloir retravailler son texte pour « trouver un équilibre » entre exigences environnementales et réalités économiques. La question est maintenant de savoir si la nouvelle version sera assez ambitieuse pour avoir un impact réel sur la déforestation.
En attendant, les consommateurs ont un rôle à jouer : leurs choix influencent les industriels et les politiques publiques. Affaire à suivre…

