Laver son masque chirurgical : UFC-Que Choisir dit oui, la DGS dit non

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Il y a quelques semaines, l’association UFC-Que choisir nous annonçait que les masques jetables, sont finalement réutilisables. C’est évidemment une bonne nouvelle pour votre porte-monnaie, mais peut-être encore plus pour l’environnement. En effet, bien que les masques de protection jetables sont censés être jetés dans une poubelle munie d’un sac plastique immédiatement après leur utilisation, il y en a pourtant plein qui se baladent dans la nature. Masques tombés par inadvertance d’un sac, d’une poche, ou d’une portière de voiture ? Ou bien masques jetés dans la rue volontairement ? Un peu des deux sûrement.

Quoiqu’il en soit, savoir que les masques chirurgicaux peuvent être réutilisés après avoir été soigneusement lavés est une excellente nouvelle. Enfin… jusqu’à ce que la DGS (Direction Générale de la Santé) affirme que non, il ne faut pas réutiliser les masques jetables. Alors, UFC-Que Choisir Vs DGS, qui faut-il écouter ?

Pourquoi l’UFC-Que Choisir affirme-t-elle qu’il n’y a aucun risque à laver son masque chirurgical ?

Après avoir testé 3 marques de masques jetables en condition de décontamination comme il est recommandé de le faire pour les masques en tissu, c’est-à-dire :

  • Lavage en machine à 60°,
  • séchage au sèche-linge,
  • repassage à chaleur douce.

L’UFC-Que Choisir a pu affirmer que même après 10 lavages, les masques chirurgicaux des 3 marques testées (Auchan, Leclerc, et une achetée en parapharmacie) ne perdent quasiment rien de leur pouvoir de filtration.

Lire également : Masque barrière en tissu : comment le laver correctement ?

 « Les masques chirurgicaux, normalement destinés à être jetés après 4 h d’utilisation, conservent de très bonnes capacités de filtration après 10 lavages en machine à 60 °C (…)  Les masques restent également suffisamment respirables pour être portés plusieurs heures sans trop d’inconfort. Au final, même en ayant subi plusieurs cycles de lavage, ils sont bien au-dessus des exigences minimales des masques en tissu portant la garantie filtration officielle Afnor/DGA qui nous ont servi de référence. »

UFC-Que choisir

Les masques testés par l’association de défense des consommateurs sont marqués comme respectant la norme EN14683 (caractéristique des véritables masques chirurgicaux), sauf un seul qui ne porte aucune homologation officielle et qui s’apparente plus à un masque de confort.

La norme EN14683 assure la protection contre la plupart des projections de micro-gouttelettes pour son porteur et ses interlocuteurs. Elle ne garantit toutefois pas, dans des circonstances particulières, d’éviter à son porteur d’inhaler de très petites particules en suspension dans l’air.

Chacun des masques de protection est annoncé comme pouvoir filtrer à l’état neuf jusqu’à 98% des particules de plus de 3 microns. Ils répondent donc à la norme européenne en vigueur pour les masques chirurgicaux, et s’avèrent être plus efficaces que les masques en tissus les plus filtrants (90 % maximum).

Et après 10 lavages, le résultat est sans appel :

« Après 10 lavages, et autant de passages au sèche-linge et de repassages doux au plus faible réglage du fer, leurs capacités de filtration se sont maintenues à un niveau suffisant pour un usage grand public : 100 % pour l’un des chirurgicaux, 90 % pour le second et 98 % pour le masque de confort. » 

UFC-QUE CHOISIR

Les résultats obtenus sont très encourageants, d’autant plus que même après 10 lavages, les masques sanitaires jetables offrent une performance encore supérieure à celle des masques en tissus répondant au cahier des charges édicté par l’Afnor.

En effet, l’association française de normalisation demande à ce qu’un masque de protection homologué AFNOR réponde à un cahier des charges précis, et puisse filtrer de 70 % à 90 % des particules de 3 microns.

Lire également : Comment fabriquer un masque sans couture ?

Une précédente étude avait déjà démontré qu’il est possible de laver son masque chirurgical

Au printemps dernier, lors de la première vague de Covid, la France connaissait une pénurie de masques chirurgicaux sans précédent. C’est alors que le CHU de Grenoble décide de réunir un consortium de spécialistes afin de trouver une solution pour recycler au mieux les masques.

Finalement, après plusieurs essais, ils en sont venus à la même conclusion que l’UFC-Que Choisir : les masques chirurgicaux peuvent être réutilisés au moins 10 fois, si tant est qu’ils soient correctement lavés.

Si l’information n’a alors pas été transmise à grande échelle, c’est parce qu’ils n’ont pas pu réaliser leur étude dans la vie réelle. Pour cela, il aurait fallu que les masques aient été portés 10 fois.

Or, ceux ayant été testés, n’avaient été portés qu’une seule fois. En effet, une fois portés durant 4 heures, puis lavés : « ils perdent leur marquage CE et ne peuvent donc plus être portés en dehors d’une procédure de ’recherche interventionnelle sur la personne humaine ».

De son côté, et malgré la demande du consortium, l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité des Médicaments et produits de santé) n’a pas souhaité examiner leur protocole. Les chercheurs sont donc restés « le bec dans l’eau ».

Pourquoi la DGS s’oppose-t-elle au lavage du masque jetable ?

Le 12 novembre dernier, suite à l’annonce de l’UFC-Que Choisir du 10 novembre, la DGS a affirmé qu’il ne faut pas réutiliser les masques chirurgicaux, rappelant par la même occasion que les masques chirurgicaux sont destinés à un usage unique.

« En principe, et selon les recommandations du Haut Conseil de la santé publique (HCSP), les masques chirurgicaux à usage unique doivent être jetés dans une poubelle après utilisation »

La DGS à Franceinfo

Elle a également rappelé qu’ils ne doivent être utilisés que durant 4 heures, être jetés dans une poubelle après utilisation. Puis, la DGS a précisé que des travaux sont actuellement en cours en France, afin de déterminer si les masques jetables peuvent être réutilisés sans perdre ni leur efficacité, ni leur capacité de filtration.

La DGS conseille donc aux utilisateurs de masques chirurgicaux, de s’en tenir à une utilisation unique, et ne dépassant pas 4 heures d’utilisation totale.

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